Vers un avenir meilleur pour les antilopes saïga ?

Plusieurs fois, ces antilopes originaires des steppes asiatiques ont failli disparaître. Elles ont réchappé de l’extinction in extremis mais restent en danger critique, d’après l’UICN. Pour assurer leur préservation dans la nature, les pays de leur aire de répartition s’organisent.
Une nouvelle feuille de route pour sauver l’espèce
Les cinq pays membres du mémorandum pour la conservation des saïgas (la Russie, le Kazakhstan, la Mongolie, l’Ouzbékistan et le Turkménistan) se sont réunis sur l’île allemande de Vilm, dans la mer Baltique, du 1er au 4 avril 2019. Au menu des échanges, un unique sujet : la préservation des saïgas. A la fin de cette rencontre, tous ces pays se sont mis d’accord sur une feuille de route commune, prévue pour la période 2021-2025.
Deux objectifs prioritaires ont été discutés : d’abord, restaurer les populations russes (sous-espèce Saiga tatarica tatarica) et mongoles (sous-espèce Saiga tatarica mongolica), puis leur assurer un avenir dans leur milieu naturel.
Restauration et conservation
Pour y parvenir, les Etats concernés ont convenu d’un ensemble de mesures concrètes à adopter de façon prioritaire. Grande nouveauté par rapport aux précédents programmes de conservation, l’instauration pour la première fois d’une section spéciale dédiée à la santé et aux maladies des saïgas. Une question primordiale pour cette espèce particulièrement sujette aux épizooties (voir plus loin).
Des actions de lutte contre le braconnage, de sensibilisation des populations locales, d’élevage en captivité et de protection de l’habitat naturel font également partie des mesures listées.
S’il est définitivement adopté, ce nouveau programme prendra le relai de celui démarré en 2006 pour la sauvegarde de l’espèce. Avant cela, il devra être validé lors de la quatrième réunion des signataires, qui se tiendra en 2020, en Russie.
L’antilope saïga, une espèce très menacée
La question de la conservation de l’antilope saïga est urgente tant le statut de l’espèce s’avère précaire. Classée en danger critique depuis 2002, la saïga a connu un rapide déclin depuis les années 1990. En moins de trente ans, 95 % de sa population a disparu alors que pendant longtemps, elle a été l’antilope la plus répandue dans le monde ! Les derniers représentants de l’espèce continuent de faire face aujourd’hui à de nombreuses menaces. A commencer par le braconnage.
En effet comme pour les rhinocéros, la corne des saïgas mâles est très recherchée dans la médecine traditionnelle asiatique. Ces antilopes ont également été massivement chassées pour leur viande.
Epizooties à répétition
Heureusement, le braconnage des antilopes saïgas est désormais mieux contrôlé, avec par exemple « seulement » 107 cas identifiés en 2015. En revanche, l’espèce est fréquemment frappée par des maladies qui déciment les populations.
En 2015, c’est la sous-espèce russe qui en a fait les frais. En l’espace de quelques mois, près de 200 000 individus sont morts, ce qui représentait alors les deux tiers de la population totale. L’origine de cette hécatombe : la pasteurellose, une maladie infectieuse très contagieuse.
Deux ans plus tard, en 2017, cela a été au tour de la saïga mongole, bien moins répandue que sa cousine russe. Elle a été touchée par la peste des petits ruminants, un virus qui se propage par le bétail. Bilan de cette épizootie : près de 7 000 décès, soit la moitié de la population mongole de saïgas.
Aujourd’hui, ces épisodes dramatiques semblent terminés. Les antilopes saïgas voient leur nombre augmenter à nouveau avec une population estimée à 228 000 individus en 2018. En 2006, lorsque les pays de son aire de répartition ont décidé de s’engager ensemble pour sa conservation, elles n’étaient que 67 000.
En savoir plus
- L’antilope saïga, WWF France
- Planet Earth II, documentaire de la BBC (en anglais)
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