Découvrir
Le monde des araignées de Benjamin Carbuccia

Parmi les experts avec lesquels nous développons pour Saïga de nouveaux voyages, il y a Benjamin Carbuccia. Benjamin est un arachnologue (le spécialiste des arachnides – parmi lesquels les araignées au cœur du travail de Benjamin) et vulgarisateur scientifique, diplômé d’un master en biologie de l’évolution obtenu au Muséum national d’Histoire naturelle. Naturaliste passionné, il est attiré dès son plus jeune âge par l’observation des animaux. Ce sont surtout les mal-aimés, ceux qu’on ne lui montre pas spontanément et dont ses proches ne lui parlent qu’avec peur ou dédain, qui le fascinent.
Les arachnides rappelons-le ne sont pas des insectes. Ces derniers ont des antennes et 6 pattes et un corps divisé en une tête, un thorax et un abdomen. Les arachnides ont pour leur part 8 pattes et un corps en deux parties seulement, l’abdomen et le céphalothorax et aucune antenne.
Dans les calanques de Marseille, les forêts franc-comtoises et ardéchoises, Benjamin passera d’innombrables heures de son enfance et de son adolescence à chercher des petites bêtes et pister des mammifères. Scorpions, serpents, araignées, blaireaux et sangliers seront des rencontres qui le marqueront durablement et façonneront son approche du monde vivant. Très tôt, il réalisera qu’il existe un fossé entre ce que nous disons de certains animaux et ce qu’ils sont réellement.
Benjamin Carbuccia
Les mal-aimés du règne animal, particulièrement les espèces venimeuses, qui nourrissent tant de peur et de croyances, l’ont toujours fasciné. Ses rencontres avec elles, qu’il passe de nombreuses heures à observer dès qu’il en a l’occasion, ne cessent de le marquer, et lui font réaliser à quel point la façon dont elles sont perçues peut être éloignée de la réalité.
C’est en poursuivant son diplôme de master au Muséum national d’Histoire naturelle, lorsque les araignées sont devenues son sujet de recherche, qu’il a redécouvert ces arachnides avec une passion renouvelée. Leur foisonnante diversité, leur longue et riche histoire fossile, leurs comportements complexes, variés et fascinants, et l’incroyable palette de formes et de couleurs adoptées par ces animaux, ne manqueront jamais de l’émerveiller chaque jour qu’il passe à les étudier. Les faunes d’Afrique australe, très diverses et mal connues, qu’il découvre d’abord à travers les collections du Muséum, dans le cadre de ses recherches, puis sur le terrain au cours de voyages en 2019 et 2020, dans l’ouest de l’Afrique du Sud, l’intéresseront tout particulièrement.
Araignée crabe © Benjamin Carbuccia
C’est aussi durant ses études de master que sa mentor, Dr. Christine Rollard, lui donnera le goût de la vulgarisation scientifique, qui deviendra peu à peu une véritable vocation. Benjamin exercera cette activité dans le cadre professionnel, d’abord en milieu scolaire avec une association, puis comme guide au Muséum. Il est aussi très actif en ligne, où il anime, avec d’autres passionnés, des groupes Facebook francophones et anglophones consacrés à l’arachnologie, où des experts, des curieux, mais aussi des phobiques se rencontrent pour partager connaissances, expériences et observations.
C’est au fil de cette activité de diffusion de savoirs qu’il réalisera à quel point les sources d’informations sur les araignées pour le grand public sont rares, et presque toujours de mauvaise qualité et inutilement anxiogènes.
En 2015, au moment où il devient réellement actif sur les réseaux, éclate l’emballement médiatique autour de la « recluse », où quelques cas de nécroses cutanées dues à la morsure d’une araignée, exagérément amplifiés par la presse, déclenchent une psychose arachnophobique sans précédent en France et dans les pays voisins.
La recluse © Benjamin Carbuccia
À force de combattre toujours les mêmes idées reçues et autres légendes urbaines, lui vient l’idée de créer un média gratuit et accessible à tout moment, plus pratique et permanent que des réponses individuelles, où la rigueur scientifique et la vérification soigneuse des informations seraient le mot d’ordre.
C’est ainsi qu’est né, en décembre 2018, « Les Chroniques de Nopeland », un blog de vulgarisation consacré aux éléments les plus injustement redoutés du monde animal, particulièrement les araignées. Chaque article qui y est publié est l’objet de dizaines d’heures de recherche, et chaque information donnée est dûment sourcée avec un lien vers la publication scientifique dont elle provient. À l’heure actuelle, une vingtaine d’articles y sont publiés, et de nombreux autres sont en préparation ; beaucoup de croyances très répandues y sont déjà mises à mal.
On peut y découvrir, notamment, que les araignées ne piquent pas, qu’elles ne mordent les humains que si elles se sentent an danger, qu’elles ne rentrent pas dans les maisons à cause du froid, et qu’aucune plante, pas même les marrons préconisés par nos grand-mères, n’est efficace pour les éloigner.
© Benjamin Carbuccia
On y apprend également que, si presque toutes les araignées sont venimeuses, plus de 99% d’entre elles sont inoffensives, et que les histoires d’araignées qui pondent sous la peau ne sont pas plus vraies que celles disant qu’elles rentreraient dans nos bouches pendant la nuit.
La vérité y est rétablie au sujet de la « recluse », cette araignée discrète et peu commune, présentée par les médias comme une espèce très dangereuse, introduite d’Amérique et aimant vivre dans les maisons. Si elle a effectivement défrayé la chronique en causant quelques morsures dans le sud de la France, cette araignée n’a jamais causé la mort ou l’amputation de qui que ce soit en Europe (où elle est indigène !), et ne mord que très rarement les humains.
Outre ces nécessaires remises au point, on y trouve également des articles traitant de la biologie des araignées, par exemple sur la façon dont certaines peuvent survivre en plein soleil dans les milieux très chauds, les mécanismes qui peuvent leur permettre d’échapper à la mort lors d’une blessure grave, ou les étonnants soins maternels qu’elles prodiguent à leurs petits.
En 2020, naît également une page Facebook du même nom, pour des partages de contenus plus brefs et informels, notamment des informations insolites, du débunking de publications virales, et, chaque semaine, la présentation illustrée d’un animal méconnu.
© Benjamin Carbuccia
Bientôt, nous vous en dirons plus sur les voyages originaux sur la piste des araignées, que nous préparons avec Benjamin en Afrique du Sud et en Guyane française.
© Cet article est la propriété exclusive de Secret Planet. Il ne saurait être diffusé, partagé, reproduit, en tout ou partie, sans l’autorisation expresse de Secret Planet.