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La protection des hémiones de Mongolie avec Anne-Camille Souris

Anne-Camille est une biologiste française. Elle s’est spécialisée dans l'étude du comportement animal appliqué à la conservation in-situ* des espèces menacées. En 2004, elle conduit pour une organisation internationale, ses premières recherches sur l'écologie de l'hémione (Equus hemionus) ou âne sauvage de Mongolie, dans le sud-ouest du pays. Elle décide ensuite d'initier son propre projet de conservation dans une autre région de cet immense pays, bordé par la Chine et la Russie. Un pays par ailleurs grand comme trois fois la France, et d’une densité d’à peine plus de 2 habitants par kilomètre carré, contre 122 dans l’hexagone. Elle souhaite orienter ses actions là où la population de l'hémione de Mongolie est la plus concentrée, mais où aucune action de conservation n'avait encore été mise en place. L'association Goviin Khulan a ainsi été créée en 2007 afin de gérer les activités de ce projet de conservation. Les principaux enjeux actuels pour les espèces sauvages en Mongolie sont similaires à ceux de nombreuses espèces de mammifères, dans de nombreux pays : braconnage, compétition avec le bétail pour l'accès aux ressources naturelles, diminution, fragmentation, dégradation et pollution des habitats et possibles hybridations avec des espèces proches.
L'association d’Anne-Camille se concentre sur plusieurs actions afin de favoriser la protection de l'hémione de Mongolie et l'écosystème du désert de Gobi, qui couvre un tiers de la superficie totale du pays. Elle mène des recherches sur l'écologie de l’espèce et sur la nature des interactions avec les autres espèces sauvages et domestiques ; elle développe des programmes d’éducation à l'écologie et à la conservation de la biodiversité dans la région d'étude ; elle implique des membres de la communauté locale dans les recherches et les actions de conservation ; elle forme et encadre des gardes travaillant dans les aires protégées. Enfin, elle contribue au développement de l’écotourisme dans la région d’étude.
© Anne-Camille Souris
Anne-Camille, tu résides en Mongolie depuis l’été 2013. Comment est ta vie là-bas ?
Les hivers sont très froids et la pollution très importante en hiver dans la capitale, mais il reste assez facile d'aller s'aérer à la campagne le week-end et les autres saisons sont agréables. Cela, même si la météo reste très changeante. Il arrive assez souvent d'observer les quatre saisons en une seule journée ! La vie dans la capitale a beaucoup changé ces dernières années, et la circulation en ville devient très difficile en raison du grand nombre de voitures et d'habitants (la capitale de la Mongolie regroupe à présent plus de la moitié de la population totale du pays, soit près d'un million et demi d'habitants). Une fois hors de la capitale, c'est le dépaysement total dans les grandes étendues qu'offre le pays où la densité humaine reste encore très faible. La Mongolie, qui représente plus de trois fois la France en superficie, offre de nombreux paysages époustouflants et dépaysants. Parmi ces paysages, le désert de Gobi, connu pour ses dunes de sables et falaises de roches flamboyantes, est l'une des régions dépaysantes du pays.
© Anne-Camille Souris
Avec toi, nous avons développé un voyage pour t’accompagner dans ton travail de terrain en faveur des hémiones. En quoi est-il exceptionnel ?
À l'heure actuelle, la plupart des séjours d'observation de la faune sauvage en Mongolie se concentrent sur l'observation de la panthère des neiges ou des chevaux de Przewalski, les seuls chevaux sauvages au monde, dans le parc national de Khustai Nuruu. Aucun n'inclut cette autre espèce sauvage qu'est l'hémione de Mongolie. Elle est encore très méconnue du public international. L'expédition que nous proposons offre la possibilité d'observer l'hémione dans son habitat naturel, mais aussi de participer à certaines actions de recherches de notre projet. Il offre enfin la possibilité de rencontrer certains acteurs locaux de la conservation de la biodiversité, comme de visiter une région du désert de Gobi qui n'est pas touristique. Elle présente une autre vision de cette région exceptionnelle que celles des images connues, à savoir un paysage de type steppe semi-désertique avec une très grande variété de paysages.
- En savoir plus sur le programme Pour la sauvegarde de l'Hémione de Mongolie avec Anne-Camille Souris (15 jours) : l'occasion d'observer dans leur milieu naturel, plusieurs espèces sauvages de Mongolie et du désert de Gobi dont l'hémione.
© Anne-Camille Souris
*In situ
La conservation in-situ est effectuée dans l’habitat, le milieu naturel, de l’espèce ou des espèces concernées.
Elle diffère de la conservation ex-situ qui a elle lieu à l’extérieur de cet habitat naturel. Cette dernière est pertinente, voire indispensable, quand il n’est plus possible de conserver une espèce donnée sur le terrain dans des conditions favorables, ou simplement acceptables. C’est le cas par exemple, quand la population d’une espèce animale n’est plus composée que d’un petit nombre d’individus dont l’avenir est menacé.
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