20 juillet 2023 - Bornéo, Faune
Nasique

L’État de Sabah, au nord-ouest de Bornéo en Malaisie, est un écrin de verdure abritant une faune encore dense et variée. Les forêts de l’île, parmi les plus anciennes du monde avec 140 millions d’années (en seconde position après Daintree en Australie et à égalité avec l’Amazonie) sont l’habitat d’espèces animales et végétales, souvent endémiques, qui méritent largement le détour. La région est considérée comme abritant la plus grande richesse en termes de plantes et de mammifères. À l'occasion de notre voyage à la rencontre de la faune et des incroyables oiseaux de Bornéo en septembre prochain, nous vous proposons de découvrir quelques-unes des espèces les plus emblématiques de l'île.

Brève d'Ussher sur un arbre © Lionel Lorgeau
Brève d'Ussher sur un arbre © Lionel Lorgeau

 

Dans les forêts de l'île de Bornéo

Entre 1975 et 2015, la moitié de la forêt de Bornéo aurait disparu. L’huile de palme aurait une part conséquente dans ce chiffre, puisque son origine malaisienne (mais aussi indonésienne) serait de 87 % de la disponibilité mondiale. Il est ainsi estimé que près de 39 % des forêts de Bornéo ont été détruites pour être converties en plantations de palmiers à huile (Elaeis guineensis) entre 2000 et 2018.

Devant ce constat et les menaces grandissantes sur la biodiversité de Sabah, le gouvernement de l’État, par l’intermédiaire de son Département des forêts, a souhaité l’augmentation de 23 à 30 % de ses aires protégées. Des actions qui viennent renforcer celles déjà menées par plusieurs organisations internationales de conservation. Les mesures de protection doivent répondre aux impératifs de conservation bien sûr, mais aussi aux besoins des communautés locales, comme aux objectifs de développement.

Plantations de palmiers à huile © Renaud Fulconis
Plantations de palmiers à huile © Renaud Fulconis

 

Quelques espèces parmi les plus emblématiques de Bornéo, et donc de Sabah
 

L’éperonnier de Bornéo (Polyplectron schleiermacheri)

S’il marche davantage qu’il ne vole, ce faisan n’est pas facile à observer. Il est menacé par la fragmentation et la destruction de son habitat, comme par la chasse. Nous faisons cependant notre possible pour le dénicher lors d’une observation en affût.
 

Le calao rhinocéros (Buceros rhinoceros)

Cet oiseau magnifique porte un casque pointu sur le dessus de son bec. Il n’y a pas de certitude quant à sa fonction. Parmi les éventualités, une caisse de résonnance qui amplifie son chant ou encore un outil facilitant la récupération de sa nourriture dans des espaces difficiles d’accès.
 

L’éléphant pygmée (Elephas maximus borneensis)

C’est à Sabah, où se déroulent nos voyages à Bornéo, que l’on a des chances d’observer des éléphants pygmées. La probabilité est cependant faible, tant leurs effectifs sont réduits (moins de 1 500 individus). Il s’agit de la sous-espèce aux individus les plus petits parmi les éléphants d’Asie. Comme pour les autres espèces, ils sont menacés de la destruction de leur habitat, mais aussi du braconnage et du trafic des espèces.

Eléphant pygmée © Lionel Lorgeau
Eléphant pygmée © Lionel Lorgeau

 

La panthère nébuleuse de Bornéo (Neofelis diardi)

Sous-espèce de la panthère nébuleuse, ce magnifique animal habite les forêts de Bornéo et de Sumatra. Solitaire et territorial, il est très difficile à observer et encore assez mal connu. Il se nourrit de petits mammifères et peut chasser les nasiques, voire parfois des orangs-outangs. Sur le territoire de Sabah, la densité est estimée de 1,3 à 3,19  individus par 100 kilomètres carrés (*).
 

Le nasique (Nasalis larvatus)

Figure mémorable du Tintin, Vol 747 pour Sydney, le nasique a un nez similaire à celui de Rastapopoulos. Ce n’est pas rien, tant le nez de ce singe arboricole est massif, long, fin et en tout cas remarquable. Unique représentant du genre Nasalis, ce primate de la famille des cercopithécidés ne vit qu’à Bornéo. Les effectifs de sa population sont incertains. Ils étaient estimés à 6 000 individus en 2005, et il est fort probable que ce chiffre soit aujourd’hui très inférieur.
 

L’orang-outang (Pongo pygmeus)

Ce primate est un grand singe, au même titre que les gorilles, les chimpanzés, les bonobos et nous, les hommes. Il est cependant le seul (répartis en trois taxons distincts) avec nous à vivre sur le continent asiatique, plus précisément dans les forêts tropicales de Sumatra et de Bornéo. Cette espèce se caractérise aussi par son comportement solitaire, tant chez les mâles que les femelles. Cela, bien entendu, pour les femelles, à l’exception des années qu’elles passent accompagnées de leur jeune. Comme le nasique, l’orang-outan est menacé de disparition en raison de la destruction et de la fragmentation de son habitat.

Orang-Outan © Lionel Lorgeau
Orang-Outang dans la végétation à Bornéo © Lionel Lorgeau
 

Les forêts du monde sont des écosystèmes exceptionnels

Les écosystèmes forestiers abritent 2/3 de la diversité animale, 80 % des amphibiens et 75 % des espèces d’oiseaux. Les services écosystémiques qu’ils nous rendent sont extrêmement conséquents. Par service écosystémique, nous entendons l’ensemble des bénéfices que nous tirons des différents écosystèmes.

Ces bénéfices sont répartis en quatre catégories distinctes que sont les services d’approvisionnement, de régulation, de soutien et enfin, les services culturels. Parmi les services d’approvisionnement, nous pouvons citer les combustibles et matériaux divers, les médicaments, mais bien sûr aussi, la nourriture. Environ 350 millions de personnes dépendent directement de la forêt pour leur sécurité alimentaire. Les services de soutien contribuent au bon fonctionnement de la vie sur Terre. Les forêts participent à la régulation du cycle de l’eau, produisent de l’oxygène (10 % de l’oxygène mondial) et assurent le stockage d’une partie de l’excès de carbone contribuant au dérèglement climatique.

Dans les forêts de Bornéo © Renaud Fulconis
Dans les forêts de Bornéo © Renaud Fulconis

Depuis 1990, 200 millions d’hectares de forêts ont disparu. C’est sans compter les zones dégradées ou fragmentées. Les conséquences sont nombreuses. En effet, l’agriculture et l’élevage, souvent à l’origine des déforestations, conduisent logiquement à des modifications de l’utilisation des terres. D’après les Nations Unies, l’accroissement de l’agriculture et de l’élevage depuis 1940 est associé à près d’un quart de l’ensemble des maladies infectieuses et à plus de la moitié de l’ensemble des maladies transmises de l’animal à l’homme.

Préserver nos forêts est donc essentiel pour un très grand nombre de raisons. En visitant les forêts de Sabah, et nous émerveillant devant ses oiseaux, mammifères, batraciens, ou encore reptiles pour ne citer qu’eux, nous bénéficions de ses services culturels et récréatifs.


Retrouvez ici nos voyages en Ouganda à la rencontre de la faune.

 

(*)Oryx, Septembre 2017
« Responses of Sunda clouded leopard Neofelis diardi population density to anthropogenic disturbance: refining estimates of its conservation status in Sabah »

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