Comprendre
Congrès mondial de la nature 2021, clap de fin

Le 11 septembre, s’est clos à Marseille le Congrès mondial de la nature. Organisé tous les quatre ans (le dernier avait eu lieu à Hawaii), le congrès de l’Union International de la Conservation de la Nature (IUCN) a rassemblé plus de 5 000 personnes, et davantage encore par visio-conférence. Parmi eux des scientifiques, des experts de la conservation des espèces, des membres d’organisations non gouvernementales, des représentants des États, de la société civile, des peuples autochtones et des entreprises.
Rendez-vous mondial de la biodiversité
Le Congrès mondial de la nature a pour objet d’encourager l’ensemble des secteurs de la société, et ce quels que soient les pays, à œuvrer à la conservation de la nature dans une bonne gouvernance environnementale.
En parallèle aux très nombreux échanges professionnels, l’espace Génération nature était ouvert au grand public. Il permettait de mettre en avant les organisations associatives et de la société civile œuvrant pour la préservation de la biodiversité dans son ensemble.
Responsable de Saïga, mais aussi fondateur et président d’une organisation non gouvernementale de conservation des espèces, j’ai eu pour la seconde fois le plaisir d’y participer. Durant près d’une semaine, j’ai assisté à des conférences, échangé avec des acteurs de nombreux pays et participé à des débats, notamment sur le stand du Comité français de l’UICN.
Un bonobo juste né avec sa mère © Renaud Fulconis
Aventure et préservation de la nature
J'ai notamment assisté à une conférence qui résonne tout particulièrement dans l’ADN de Secret Planet : « Expl orateurs et aventuriers, pousser les limites afin d’inspirer les politiques de conservation et l’action. » Durant 1 h 30, Bertrand Piccard (qui réalisait en 2015 et 2016 un tour du monde avec l’avion solaire Solar Impulse 2), Jean-Louis Etienne (le premier homme à atteindre le pôle Nord à pied en solitaire en mai 1986) ont, avec deux autres intervenants du monde de la conservation des espèces, donné leurs sentiments sur le sujet. Au travers de leurs projets les plus récents, ils contribuent à la connaissance comme à la mise en lumière d’actions permettant de limiter les impacts humains sur la nature.
Bertrand Piccard identifie plus de 1000 initiatives protégeant l’environnement de manière durable, notamment des technologies propres et rentables dans les domaines de l’eau, de la construction, de l’agriculture, de l’industrie, de la mobilité et de l’énergie. Des initiatives destinées à influencer les politiques environnementales et énergétiques d’une manière plus ambitieuse. Un moyen de lutter plus efficacement, notamment contre le changement climatique.
Jean-Louis Etienne travaille lui depuis plusieurs années au projet Polar Pod. Il a pour objet de laisser dériver, durant trois ans, une plate-forme verticale de 100 mètres de haut pour un poids de 1 000 tonnes, autour de l’Antarctique. C’est là que circule le courant circumpolaire Antarctique, la réunion des océans Indien, Pacifique et Atlantique, jamais jusque-là étudié dans le détail sur une période aussi longue. Pourtant, ce courant a beaucoup à nous apprendre en matière de climatologie comme de biodiversité marine. Ainsi, les équipes qui se relaieront à bord de la plate-forme effectueront des relevés alimentant la recherche, notamment en climatologie, océanographie et biologie.
Dans chacun de ces deux cas, exploration et découvertes scientifiques bénéficiant à la préservation de la nature vont formidablement de pair. Des éléments mis en avant dans les propos des intervenants de cette conférence. De ces projets très ambitieux, novateurs et inspirants, nous bénéficions tous.
La conférence avec Jean-Louis Etienne sur scène et Bertrand Piccard © Renaud Fulconis
Conservation des grands singes
Ce rassemblement exceptionnel permet de coordonner les actions en faveur de la nature, mais aussi d’y prendre des engagements. Ainsi, durant l’assemblée générale des membres qui rassemble plus de 1 500 personnes, nous avons élu la nouvelle équipe dirigeante et approuvé le nouveau programme, mais aussi voté 39 motions. D’une importance capitale, elles sont, après leur adoption, des résolutions ou recommandations qui déterminent les directions en faveur de la préservation de la nature.
De la réduction des impacts de l’industrie minière au financement de la biodiversité en passant par la réduction de la pollution lumineuse, le réensauvagement, l’accentuation des efforts de sauvegarde d’espèces menacées, le renforcement de la protection des grands singes… en impliquant les acteurs locaux, les impacts du changement climatique sur les océans, le renforcement de l’intégration institutionnelle des peuples autochtones ou encore la lutte contre la déforestation importée, les thèmes abordés sont des enjeux majeurs qui ont au préalable été discutés durant de nombreux mois, parfois des années, par celles et ceux qui les ont portés.
J’ai la chance d’avoir contribué à la rédaction de l’une de ces motions, la toute première jamais écrite et votée pour la conservation des grands singes. Portée par le Comité français de l’UICN sous l’impulsion de la primatologue Sabrina Krief, soutenue par Nicolas Hulot et parrainée par de nombreuses organisations et ministères, elle a pour titre : « Renforcer la conservation des grands singes à l’échelle des pays, à l'intérieur et à l'extérieur des aires protégées, en impliquant les acteurs locaux ».
L'équipe ayant rédigé la motion Grands singes : Renaud Fulconis, l’Ougandais Denis Agaba, Aliénor Scrizzi d’Awely, Nicolas Hulot qui a soutenu la motion, la primatologue Sabrina Krief, Paul Estève du comité français de l’UICN, la primatologue Shelly Mais, le président de l’Alliance Grands singes Guillaume Tati, et Julius Kaganda de l’association ougandaise Kichida
Elle a pour objet la demande de création, « d'ici à 2022, de réseaux panafricains et d'Asie du Sud-Est s’appuyant sur des organisations non gouvernementales locales, les populations autochtones et les communautés locales, ainsi que sur des chercheurs locaux, sur l'exemple de l'Alliance pour la conservation des grands singes en Afrique centrale (A-GSAC). » Les détails de cette motion destinée à influencer les politiques de conservation dans les pays concernées sont détaillées ici.
S’il est évidemment beaucoup trop tôt pour mesurer les impacts de cette motion comme des autres, leur poids par la représentation cumulée de l’ensemble des acteurs, en fait ce qui est sans doute le plus important levier d’influence des politiques de préservation de la nature.
Renaud Fulconis
Responsable de Saïga
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