Cinq rhinocéros noirs nés en Europe réintroduits au Rwanda : une première mondiale

C’est un aller sans retour qu’ont pris ces pachydermes qui proviennent tous de zoos européens. Le 23 juin 2019, ils ont quitté leur enclos du zoo Dvůr Králové en République tchèque où ils ont suivi leur préparation ces derniers mois pour s’envoler vers le Rwanda pour être relâchés dans le parc national de l’Akagera. Une opération de cette ampleur n’avait encore jamais été réalisée entre l’Europe et l’Afrique.
Première mondiale
Avant leur retour en 2017 grâce à un don de 17 individus en provenance de l’Afrique du Sud, cela faisait plus de dix ans que les rhinocéros noirs, espèce classée en danger critique d’extinction par l’UICN, avaient disparu du Rwanda. Braconnés jusqu’à l’extinction, ils n’en restent aujourd’hui plus que 5 000 à l’état sauvage, tous répartis principalement entre l’Afrique du Sud, la Namibie, le Zimbabwe et le Kenya. L’arrivée de ces cinq individus au Rwanda est donc une grande nouvelle, qui va apporter une diversité génétique au groupe passé de 17 à 20 rhinocéros en deux ans. Et désormais 25 en comptant les nouveaux venus.
Plusieurs mois de préparation
La réintroduction d’espèces nées en captivité n’est jamais chose aisée. Avant de démarrer une telle opération, le zoo tchèque a dû se préparer pendant plusieurs mois, en collaboration avec l’association européenne des zoos et aquariums (EAZA) et le gouvernement rwandais. Les cinq individus ont été sélectionnés avec soin parmi tous les rhinocéros noirs du programme d’élevage européen (EEP) de l’espèce. Ils proviennent des parcs Dvůr Králové en République tchèque, Flamingo Land au Royaume-Uni et Ree Park Safari au Danemark. C’est en République tchèque qu’ils ont tous été réunis pour suivre un stage de préparation de plusieurs mois avant leur voyage vers l’Afrique. En avion jusqu’à Kigali, puis en camion jusqu’au parc national de l’Akagera. Le tout en minimisant autant que possible leur stress.
Le 24 juin, soit le lendemain de leur départ depuis l’Europe, ils sont arrivés sans encombre. Ils resteront dans un parc à l’écart pendant quelques semaines, le temps de se remettre de leurs émotions et de s’habituer à leur nouvel environnement. Puis ils seront relâchés, mais toujours surveillés, dans un parc plus vaste (environ 10 hectares). Et si tout se passe bien, ils pourront rejoindre le reste du troupeau.
Espoir pour le rhinocéros noir
Une opération de longue haleine, donc, mais qui en vaut la chandelle. « Cette réalisation unique représente l'aboutissement d'un effort international sans précédent visant à améliorer les chances de survie du rhinocéros noir dans la nature, confie Jes Gruner, directeur du parc national de l'Akagera. Leur arrivée marque aussi une étape importante dans la revitalisation en cours du parc, une étape qui souligne l'engagement du pays en faveur de la conservation. » C’est aussi un signal fort envoyé au monde de la conservation animale, mettant en avant les bienfaits d’une collaboration entre les zoos et les acteurs de terrain. D’ailleurs, le jour où les cinq rhinocéros sont arrivés au Rwanda, deux femelles gorilles atterrissaient au Gabon. Ces deux sœurs sont elles aussi nées en captivité dans un zoo européen, le ZooParc de Beauval, et seront relâchées dans le parc national des plateaux Batéké ces prochains mois, si leur acclimatation se fait sans encombre. Elles viendront renforcer la diversité génétique de l’espèce, elle aussi classée en danger critique d’extinction.
En savoir plus
- Le rhinocéros noirs, Espèces menacées
- Le parc national de l’Akagera, African Parks
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