Immersion dans la forêt du bassin du Congo

Entre 2002 et 2022, les forêts primaires humides ont perdu 7,1 % de leur superficie. Parmi elles, la forêt du bassin du Congo, la seconde plus grande forêt pluviale du monde après l’Amazonie finalement très méconnue. Si elle abrite encore une diversité d’espèces végétales et animales très conséquente, en plus d’être l’habitat de plus de 75 millions de personnes, elle est aussi un formidable régulateur du climat. En effet, si les forêts asiatiques émettent aujourd’hui davantage de carbone qu’elles n’en absorbent, en raison de la déforestation et des incendies de plus en plus fréquents, les forêts du bassin du Congo sont, elles, un formidable puits de dioxyde de carbone, dont l’impact limite le réchauffement climatique.

Le bassin du Congo, cœur vert de l'Afrique

Située en Afrique centrale et de l’Ouest, ce massif de 3,7 millions de km² s’étend sur six pays : République démocratique du Congo, République centrafricaine, Cameroun, Gabon, Congo, et Guinée équatoriale. La couverture est cependant très inégale d’un pays à l’autre. Au Gabon et en Guinée équatoriale, la forêt recouvre la quasi-totalité de la superficie du pays, alors qu’elle n’est que d’à peine plus 35 % en République centrafricaine.

Elle abrite plus de 11 000 espèces de plantes, 450 espèces de mammifères dont les plus connues sont les éléphants de forêts (Loxodonta cyclotis), les gorilles des plaines de l’Ouest (Gorilla gorilla gorilla), de l’Est (Gorilla beringei beingei) et de montagne (Gorilla beringei graueri), les chimpanzés (Pan troglodytes) et bonobos (Pan paniscus) comme de nombreuses espèces de cercopithèques et de colobes.

Cela, sans oublier les 1 200 espèces d’oiseaux, les 700 espèces de poissons et les 280 de reptiles et aussi amphibiens et invertébrés (370 000 espèces rien que pour les coléoptères) que l’on trouve dans le bassin du Congo. Une richesse favorisée par la proximité de l’Équateur caractérisée par des milieux humides et chauds bénéfiques à la diversité de la flore et de la faune.

© Renaud Fulconis

Le bassin du Congo abrite par ailleurs des populations autochtones vivant depuis toujours en parfaite harmonie avec ce milieu. Les pygmées baka ou bayaka sont des chasseurs-cueilleurs ayant une grande connaissance des ressources naturelles de l’écosystème forestier qu’ils exploitent avec beaucoup de respect, et surtout protègent.

La création d’aires protégées dans le massif a pu être à l’origine de déplacements de groupes humains, comme de l’interdiction totale de chasser pour des dizaines de milliers d’individus vivant notamment de la consommation de viande d’animaux sauvages. Ainsi, la protection de la forêt, sans considération pour les populations vivant en parfaite harmonie avec elle, est, ou a pu être, une réalité.

Une situation d’autant plus préoccupante quand on sait que ces populations souffrent déjà grandement de la déforestation et de la dégradation de leur habitat, comme de l’appauvrissement de leurs ressources alimentaires, sans que leur responsabilité ne soit en rien engagée.

© Renaud Fulconis

Les forêts du bassin, sans surprise, sont victimes de l’expansion de l’agriculture, des incendies, du développement de l’industrie minière, de la viande de brousse et du trafic animalier aggravant la perte de biodiversité, ou encore, mais pas seulement, de la dégradation des sols…

Cette situation préoccupante ne doit pas nous faire oublier les efforts des organisations non gouvernementales, et parfois dans une certaine mesure, gouvernementales, pour protéger cet écrin de nature et anticiper les conséquences à venir des pressions climatiques et humaines. 

Découvrir certaines des merveilles du bassin du Congo

Sur leur immense superficie, les forêts du bassin du Congo abritent un grand nombre de merveilles naturelles.

Le fleuve Congo marque la frontière avec la République démocratique du Congo, la République du Congo, et sur une faible distance avec l’Angola. Il est le second fleuve au monde pour son débit, après l’Amazone, et également le second plus long du continent africain après le Nil. Naviguer sur ses eaux, c’est comme de faire un voyage dans le temps.

Longer ses berges laisse entrevoir des cases et parfois un rassemblement de petites habitations de bois et de paille. C’est aussi l’occasion de croiser ou doubler des pirogues de pécheurs, quand ce n’est pas une famille toute entière qui dérive, au gré du courant, pour rejoindre un point plus en aval, après plusieurs jours de voyage.

© Renaud Fulconis

Le plus marquant, c’est peut-être l’absence de vie animale sur les berges. Pas d’oiseaux ni de primates apparaissant dans la végétation. Les chasseurs le disent : il leur faut aujourd’hui parcourir parfois plusieurs dizaines de kilomètres avant de trouver un animal. La forêt se vide, et rend d’autant plus difficile l’accès à une alimentation protéinée. Une situation préjudiciable pour tous.

En pénétrant en forêt dans certaines zones de la République démocratique du Congo, les chanceux ont le privilège d’apercevoir un bonobo (Pan paniscus). Dans les environs du village de Nkala, à deux jours de pirogue sur le fleuve Congo, l’association Mbou-Mon-Tour œuvre depuis 1997 à la préservation de notre plus proche cousin. Aux côtés des villageois, l’équipe de l’association permet aux rares visiteurs de faire connaissance avec le moins observé des grands singes.

Apercevoir les bonobos se mérite, tant l’accès au site ne peut se faire qu’après un long et pas toujours confortable voyage. Voir l’un d’entre eux ou les individus d’un groupe tout entier évoluer dans la canopée laisse des souvenirs pour la vie. Ce n’est pas tout, la RDC est aussi le seul pays au monde abritant les okapis (Okapia johnstoni).

© Renaud Fulconis

De l’autre côté du fleuve, au Congo, le lac Télé que nous évoquions précédemment avec Morgane Cournarie, s’offre aux voyageurs à l’esprit aventureux. L’expédition que nous proposerons dans les prochains mois, permet de s’immerger pleinement plusieurs jours en forêt, aux côtés de villageois dont c’est l’habitat.

Loin de là, au sud-ouest du pays, dans la zone du parc national de Conkouati-Douli, l’association HELP travaille à la protection, à la réintroduction et au suivi des chimpanzés, mais aussi met en œuvre d’autres actions destinées à préserver l’habitat, avec les communautés locales également impliquées dans le programme.

Des actions que nous vous proposons de découvrir à travers le voyage Au cœur des actions de protection des chimpanzés. En partageant du temps avec l’équipe de HELP, nos voyageurs s’immergent dans le quotidien d’une association de conservation, et font connaissance avec les chimpanzés et les espèces du parc comme les éléphants.

© ONG Program

Au Gabon, la forêt du bassin du Congo occupe une très large place. Le pays abrite un grand nombre de merveilles naturelles et fait le grand bonheur des naturalistes. Sur l’Atlantique, le parc national de Loango englobe la lagune d’Iguéla. Cette aire protégée exceptionnelle est l’habitat d’une importante population d’éléphants, et aussi de buffles et d’hippopotames qu’il n'est pas rare de voir se baigner dans les vagues. Découvrez Loanglo lors du voyage Gorilles de la forêt dense à l'océan : la diversité du sud-ouest du Gabon.

Dans les terres, l’ONG Program mène dans les environs de Doussala un programme d’habituation des gorilles des plaines de l’Ouest (Gorilla gorilla gorilla) que nous proposons à nos voyageurs de découvrir.

Des aventures entre fleuve, lagunes, lac et forêt, auprès des animaux et des villageois, que nous espérons vous faire vivre prochainement !

Sources

• Cap sur les forêts d’Afrique centrale – FFEM
• Histoires de viande de brousse : les voix du bassin du Congo - CIFOR-ICRAF
• Les peuples du bassin du Congo / Survival
• Aires protégées forestières du Bassin du Congo, Évaluation de l’efficacité de la gestion des aires protégées - IUCN / PAPACO
• Résumé de La Situation des forêts du monde 2022 - FAO
• Congo : le dilemme de la forêt - Collection Reportages / TV5 Monde
• Podcast - Comment préserver les forêts tropicales ? - C’est pas du vent / RFI
• Podcast - Dans les forêts d’Afrique, le lucratif commerce de la compensation carbone - Le Magazine du week-end / France Culture
• Podcast - Les forêts du monde en chiffres et cartes - Global Forest
• Le bassin du Congo, deuxième puits de carbone du monde, entre préservation et exploitation / Le Monde