19 septembre 2023 - Bornéo, Faune
Orang-outan

Uniquement présents en Indonésie et en Malaisie, et plus précisément sur les îles de Bornéo et de Sumatra, les orangs-outans appartiennent à la super-famille des hominoïdes, ou singes sans queue. Au sein de cette super-famille, on compte également les gibbons, les gorilles, les chimpanzés, les bonobos et nous, les humains. Parmi ces derniers, les orangs-outans appartiennent au genre Pongo et leur nom commun, venant du malais, signifie « homme de la forêt ». Un nom qui leur colle à la peau puisque ces animaux au pelage orangé passent la majorité de leur temps dans les arbres à la recherche de nourriture. Ils sont même les plus grands mammifères arboricoles, moins connus que leurs cousins gorilles ou chimpanzés. Nous avons souhaité passer en revue cinq éléments notables sur ces animaux fascinants.

 

Les orangs-outans sont répartis en trois espèces distinctes

Pour rappel (cette définition reste sujette à discussion), une espèce est caractérisée par les éléments suivants : un ensemble d’individus se ressemblant par leur génotype (leur patrimoine héréditaire), et leurs formes en tant qu’embryons et adultes. Ces individus, également, vivent au contact les uns des autres, pouvant se reproduire et mettant au monde des descendants fertiles. En effet, et on parle alors d’hybridation, il est possible que deux individus d’espèces différentes se reproduisent. Les petits sont alors stériles, sauf cas exceptionnels.

Chez nos cousins grands singes des forêts d’Asie, il subsiste trois espèces.

  • Les orangs-outans de Bornéo (Pongo Pygmaeus). Cette espèce est celle par laquelle est décrit l’animal dans la plupart des cas. Il s’agit de celle possédant le plus grand nombre d’individus sauvages, plus de 104 000. Ils vivent principalement dans les forêts le plus souvent inondables et de basses altitudes du sud et sud-ouest, mais aussi de l’est et du nord de Bornéo.
     
  • Les orangs-outans de Sumatra (Pongo abelii), sont répartis dans leur quasi-totalité au sein du grand parc naturel au profil très accidenté de Gunung Leuser, dans le nord de l’île. Leur population est évaluée à 14 500 individus.
     
  • Les orangs-outans de Tapanuli (Pongo tapanuliensis), espèce découverte en 2017.

Les scientifiques les avaient découverts dans la région de Batang Toru, au nord-ouest de Sumatra, près de la ville de Padang Sidempuan, en 1997. Ce sont finalement les études génétiques menées durant 20 ans qui ont permis d’identifier cette nouvelle espèce, en novembre 2017. Une découverte exceptionnelle quand on sait que la dernière espèce de grands singes, le bonobo (Pan paniscus), avait été identifiée en 1929.
Leur population est estimée à 800 individus environ sur une surface réduite de 1 000 km² environ.

En apparence, peu de caractéristiques les distinguent, si ce n’est une taille relativement plus grande, une fourrure plus foncée et le visage plus rond que l’espèce de Bornéo. Le nombre d’espèces, ou de sous-espèces du genre Pongo aujourd’hui disparues, est quant à lui de cinq.

 

L’apprentissage des jeunes orangs-outans est celui qui, chez les mammifères, prend le plus de temps. À l’exception sans doute de celui des jeunes humains.

Après une gestation qui dure 8 mois et demi, le petit orang-outan (la naissance de jumeaux est extrêmement rare) d’1,5 kilo vient au monde. Pour une période allant jusqu’à deux ans, le petit est totalement dépendant de sa mère pour être nourri au sein, et transporté fermement accroché à son ventre ou sur son dos. Ce nourrissage peut durer jusqu’à 8 ans et la proximité demeurer alors que le jeune a atteint les dix ans. Ce dernier va ensuite évoluer seul, ou rejoindre un groupe d’autres jeunes. Il ne manquera pas, en particulier chez les individus de Sumatra, de rendre des visites occasionnelles à sa mère jusqu’à un âge pouvant atteindre les 15 ou 16 ans, parfois plus.

Les raisons d’une telle durée de dépendance infantile sont encore incertaines. Les spécialistes considèrent comme le plus probable la cohérence avec le nombre considérable d’éléments à intégrer pour vivre en sécurité dans les forêts denses.


© Orang utan project

 

Ils passent leur vie dans les arbres

Rappelons le, l’orang-outan est le plus gros mammifère arboricole. La femelle pèse entre 30 et 50 kilos, alors que le poids d’un mâle se situe entre 50 et jusqu’à 100 kilos pour une taille d’1,20 à 1,40 mètre. La femelle mesure, elle, entre 1 mètre et 1,20 mètre.

Plus surprenant, leur envergure peut atteindre 2,4 mètres. Un chiffre impressionnant qui permet à ces animaux d’évoluer dans les arbres avec une grande facilité, de se suspendre aux branches de tout leur poids et aussi, d’atteindre des fruits parfois éloignés.

En fonction des espèces, ils passent 90 à 95 % de leur temps dans les arbres, construisant un nid en hauteur à une vingtaine de mètres de haut, avant la tombée de la nuit. Dans la canopée, ils dénichent avant tout des fruits (le durian est leur préféré), ce qui fait d’eux parmi les plus gros consommateurs. Cette consommation représente environ 60 % de leur régime alimentaire.

Ils consomment également des feuilles, des lianes, des écorces, et aussi des baies, noix, insectes et plus rarement les œufs des oiseaux. Seuls les mâles robustes, capables d’affronter un prédateur, arpentent le sol d’une manière exceptionnelle.

Les orangs-outans utilisent très peu le brachiation. Leur poids ne favorise en effet pas le passage d’une branche à une autre à la seule force des bras, comme pour les gibbons très légers. Les deux espèces occupent les mêmes strates de forêts jusqu’à une dizaine de mètres de hauteur sans avoir d’interactions. Les orangs-outans parcourent rarement plus d’un kilomètre au cours d’une même journée, le plus souvent, quelques centaines de mètres seulement. Pour se nourrir, les orangs-outans peuvent utiliser leurs mains comme leurs pieds, tant ils se ressemblent.

 

Les orangs-outans utilisent des outils

Longtemps, les représentants de notre espèce ont pensé être les seuls en mesure de posséder une culture. Des preuves indiquant le contraire ont été apportées en 2003, dans un article paru dans la revue Science. Plus largement, des individus utilisant des outils ont été observés, à partir des années 70, en captivité. Les individus de Sumatra utilisent des feuilles roulées autour de leur main tel un gant, pour attraper des fruits recouverts d’épines. Il est également avéré que les orangs-outans ont la capacité de se reconnaître dans un miroir.

Plus récemment, en 2022, des chercheurs de l’Université de Tübingen en Allemagne ont observé, au zoo de Kristiansand en Norvège, un individu utilisant une pierre coupante pour récupérer la nourriture.

 

Les orangs-outans sont menacés de disparition

Ce point notable est malheureusement quasiment systématique à l’évocation de la faune sauvage, et particulièrement des mammifères. Il est estimé que plus de 100 000 individus pour la seule espèce de Bornéo ont disparu entre 1999 et 2015. Tellement dépendant de la forêt, l'orang-outan disparaît systématiquement quand son habitat est détruit, et son avenir est particulièrement menacé quand son habitat se fragmente. L’huile de palme, le papier et les produits du bois ont des conséquences directes extrêmement néfastes sur ces animaux. 

Le trafic a lui aussi un impact conséquent sur les populations. Les petits, recherchés comme animaux de compagnie survivent mal aux traumatismes vécus lors de leur capture, et en particulier à la mort de leur mère.

Des menaces auxquelles il faut à présent ajouter les conséquences du réchauffement climatique. L’accroissement du taux des précipitations, avec les inondations pouvant en résulter, mais aussi une plus grande fréquence des périodes de sécheresse devrait modifier la disponibilité de la nourriture des orangs-outans et favoriser les incendies.

Un avenir probable auquel se préparent déjà de nombreuses organisations travaillant à la sauvegarde de nos cousins des forêts.


© Lionel Longeau

 

Partir observer les orangs-outans à Bornéo et Sumatra

  • Dans la forêt des orangs-outans de Bornéo avec Mathieu Latour : un voyage de 15 jours accompagné par le jeune photographe Mathieu Latour qui nous emmène dans les forêts de Sabah à Bornéo, royaume des orangs-outans. Une immersion dans un univers magique, peuplé d'animaux étranges et de primates fascinants. 
     

Notre activité sœur Tamera propose également plusieurs programmes permettant d'aller à la rencontre des orangs-outans : 

Trekking à travers la jungle du parc Gunung Leuser au nord de Sumatra

Indonésie

 - 23 jours

Sumatra trekking : jungles, volcans et rencontre de peuples

Enchaînement de treks sur Sumatra : dans la jungle du parc Gunung Leuser et ses orangs-outans, au lac Tujuh, vers le sommet des volcans Sinabung, Marapi et Kerinci (3 805 m) et à travers les pays minang et batak.
Prochain départ le 26/04/2024
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Trek vers une maison traditionnelle des Minang sur Sumatra ouest

Indonésie

 - 20 jours

Traversée du nord de Sumatra vers l'île de Siberut

Traversée de Sumatra, du parc Gunung Leuser, au nord, vers l’île de Siberut, au large de Padang, avec rencontre des orangs-outans, puis des peuples batak, minang et mentawaï et leurs belles maisons traditionnelles.
Prochain départ le 20/04/2024
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